des histoires de cailloux.

Les plages de Flamborough

Je ne me souvenais plus que j’étais déjà venu à Flamborough dans le Yorkshire il y a quelques années. A l’époque, j’étais plus attiré par scruter ses falaises pour des voies d’escalade potentielles. En voyant l’instabilité de la craie, il avait été évident que ce ne serait jamais un site de grimpe.

En été 2022, je suis revenu à Flamborough en famille et nous sommes descendus sur les plages de North Landing, par une journée ensoleillée, et de Danes’ Dyke par une journée pluvieuse (un temps d’été typique du nord de l’Angleterre). Tout de suite, l’association de ces plages dominées par leurs falaises avec les Vikings excitait mon imagination.

Sur la plage de Danes’ Dyke, je m’arrêtais souvent pour prendre des photos des compositions créées par des cailloux de craie et de silex, des algues, et toute une sélection de détritus rejetés par la mer: des bouts de plastique, de bois, de métal, de faïence, de brique, des chaussures, des jouets…

Je me suis assis sur un rocher pour faire des esquisses.

Les plages de Deal et de Sandwich

Le contraste entre la côte nord-est et la côte sud de l’Angleterre ne pourrait pas être plus saisissant. Quand nous sommes arrivés dans le Kent via l’Ecosse, le soleil baignait les plages de silex presque tous les jours. Ici, la température de l’eau était même agréable pour la baignade!

Le temps passé à m’immerser dans l’ambiance de ces plages m’a laissé des souvenirs sensoriels très riches. Pendant quelques mois j’attendais avec impatience le moment où j’aurais le temps de me concentrer sur la peinture.

Exposition organisée par l’association Pierre le Vénérable.

Début 2023, j’explorais les possibilités d’exposer mon travail dans les environs de Clermont-Ferrand où j’habite. J’ai pu établir assez rapidement un calendrier d’exposition à Clermont-Ferrand, Thiers, Sauxillanges, et Orcines.

Parmi ces opportunités, l’association Pierre le Vénérable m’a proposé de venir exposer à la Maison du Patrimoine à Sauxillanges. En voyant des images du lieu et de ces expositions, j’ai tout de suite été excité par les possibilités.

J’avais demandé à l’organisatrice de l’exposition ce qui lui a plu parmi les oeuvres que j’avais soumises. Elle m’avais tout de suite répondu qu’elle aimait bien les cailloux. Une visite de l’espace m’a encore donné d’autres idées sur le dévéloppement d’une collection qui serait appelée “Caillou”.

J’ai passé quelques mois à tourner le concept “Caillou” dans ma tête et petit à petit, différentes facettes de mes relations avec ce terme ont émergé. Il y avait d’abord les cailloux des plages que j’étais en train de peindre, ensuite les falaises que j’avais grimpées et celles qui n’étaient pas praticables, il y avait l’aspect historique des lieux marqués par des pierres, les cairns, les anciennes villes fortifiées, les chemins coupés dans la roche.

J’ai fait des recherches en demandant aux personnes de partager leurs collections de cailloux et les raisons qui les motivaient de les garder sur un mur en ligne. J’ai ensuite cherché les relations entre des artistes et les cailloux, le travail et les écrits de Barbara Hepworth en particulier, m’ont touché.

Le terme “caillou” m’a ensuite fait penser à l’expression “il n’a rien dans le caillou” et l’expression en anglais “there is more than one pebble on the beach”. Les cailloux peuvent donc faire référence aux humains.

J’avais peint une image d’un caillou que j’avais intitulée “Planet Claire”, cette image m’a mené à une autre image de la Nasa, “The Pale Blue Dot” et un essai écrit par le scientifique Carl Sagan. Dans cet essai, Carl Sagan met la lumière sur l’insignifiance relative de notre planète et ceux et celles qui l’habitent par rapport à l’imensité de l’univers qui nous entoure.

Finalement, je me suis intéressé à la constitution géologique des pierres arkoses qui ont été utilisées pour la construction de l’abaye de Sauxillanges et des rochers d’escalade qui m’ont marqué, littéralement. D’après ce que j’ai pu comprendre (ayant des notions extrêmement vagues de la géologie) la pierre sédimentaire a été constitutée de couches successives, de sable, de terre, de pierre, de coquillage, de bois, de restes de plantes et d’animaux. La couleur rouge qu’on trouve dans certains de ces pierres vient d’une concentration d’oxyde de fer (la rouille).

Très longtemps avant l’activité volcanique en Auvergne, la terre a été couverte par un océan, ce qui expliquerait la présence de ces pierres sédimentaires.

L’exposition à la Maison du Patrimoine mettra en dialogue la collection “caillou” avec les oeuvres de Nadine Vergues, Jean Vincent, Corinne Vignet et l’espace de l’exposition qui est lui même fait de strates des histoires successives. J’attends avec impatience la possibilité de voir ce qui va émerger de cette mise en dialogues d’artistes, de lieux et de nos oeuvres.

Entre temps, je remercie l’association Pierre le Vénérable pour leur enthousiasme, et leurs initiatives culturelles qui donnent une nouvelle vie à ces vielles pierres.

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in significance.